c’est du « choisi » ou du « subi » ?
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Sur quoi exactement sont fondés les chiffres des fameuses listes de "métiers en tension" en train d’être concoctées par le cabinet de Brice Hortefeux (ministre de l'Immigration et de l'Identité Nationale) ? Déjà, comment peut-on lister les dits "métiers en tension" ? Surtout, comment distinguer "l’immigration de travail", clamée par le président Nicolas Sarkozy, de l’immigration familiale ?
La distinction est fortement discutable, sachant que de nombreux étrangers
arrivés en France en raison de liens familiaux – et de nom-breux sans-papiers éga-lement – travaillent sur le territoire. Y compris dans les fameux « métiers sous tension ». Par Tessa Ivascu

Voici Brice Hortefeux. Et en plus il pense...
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Les listes de métiers dont la France aurait besoin et les chiffres précis avancés par secteur et par région ( exemple : l’Ile-de-France aurait besoin de 6 979 dessinateurs du BTP – encore un et ça aurait fait 6 980, mais ne faisons pas de folies) sont le résultat d’une comparaison de l’offre et de la demande basée sur les chiffres de l’ANPE. Ce que Brice H. et surtout Nicolas S. oublient, c’est que l’ANPE n’a plus le monopole sur la collection de l’offre d’emploi depuis… 2004 (la loi de la « cohésion sociale », vous vous souvenez ?). Depuis, les employeurs ne sont plus obligés de passer par l’Agence pour lancer leurs offres d’emploi. – et nombreux en profitent pour ne pas le faire, comme tout un chacun a pu le constater un jour ou l’autre.
Du coup, ces listes ne peuvent en aucun cas refléter la réalité du marché du travail. Pire, si vraiment les besoins des entreprises françaises étaient les seuls et honnêtes critères de l’immigration « de travail », pourquoi ne pas commencer par régulariser de plein droit les sans-papiers qui occupent des emplois dans les métiers qui manquent de ressources humaines ? Au lieu de promettre des régularisations « exceptionnelles », donc discrétionnaires ? Et puis, d’où sort-il aussi, ce pourcentage de 7% (selon Nicolas S., le pourcentage de l’immigration professionnelle actuelle), et d’où sortiront les 50% qu’il a fixés comme objectif ? C’est, semble-t-il, le chiffre de l’immigration « choisie » - opposée à celle « subie ». Or, cette immigration « subie », même si le président de la République se garde bien d’en fournir la définition, est l’immigration décrite et cadrée par les textes internationaux qui régissent l'immigration familiale et le droit d'asile. La France les a signés, donc… elle les subit.
Pourtant, encore une fois, ces immigrés que notre pauvre pays subit (y compris réfugiés et demandeurs d’asile) travaillent – selon le choix des employeurs qui décident de les employer. Au fond, où plutôt à y regarder de plus près, cette immigration « professionnelle » tant désirée par le chef de l'Etat masque (grossièrement) la volonté de contrôler le plus d’immigrés possible, en leur faisant subir, justement, la pression de l’instabilité de leur séjour – puisque le souhait manifesté est de calquer la durée du titre de séjour sur les besoins de l’économie française.
Alors, si demain l’Ile-de-France n’a plus besoin que de 6 978 dessinateurs en BTP, le 6 979ème devra-t-il plier bagage ? Ben, oui.
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