Politikart: Fadela Amara doit exiger un budget ou démissionner

C’est l’opinion de Hassan Bouod, président du groupe des entrepreneurs de la zone franche urbaine de Marseille, que nous avons interviewé. Il exprime sa déception du plan banlieues et estime que Mme Amara fait « le mannequin » au gouvernement. Propos recueillis par Myriam Léon

Plus d’un tiers des 65 salariés de l’entreprise de viande hallal de M. Bouod a été embauché dans les quartiers, quand la norme légale est de 20 %. De ce fait, il a été consulté par le Sénat et l’Assemblé nationale pour son expertise en matière d’insertion économique. Arrivé en France en 1983 avec en poche un CAP d’employé de bureau, le Marocain a créé dix ans plus tard avec son frère le groupe familial BHM (Bouod Hassan Mohamed) en plein cœur des quartiers nord de Marseille.

En 2007, son entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros. A 42 ans, il préside le groupe d’entrepreneurs de la zone franche urbaine, qui a attiré en 10 ans près de 2 000 entreprises et créé 10 600 emplois. Il nous livre son impression sur le futur plan banlieues :

Que pensez-vous de Fadela Amara dans le casting Sarkozy ?

On parle du sort des enfants de la France, faut-il nécessairement être issu de l’immigration pour le faire ? Je ne sais pas. Pour l’instant elle a plus marqué par son vocabulaire que par ses actions. Dans l’intérêt de ces quartiers, il ne faut pas donner de faux espoirs. Elle ne va pas séduire avec des discours.

Qu’attendez-vous du plan banlieues ?

Ma première déception, c’est que Sarkozy a parlé d’un plan Marshall. Les gens des quartiers ne comprennent pas le concept. Il serait bon d’utiliser un langage plus terre-à-terre, destiné à ce public. Ensuite on nous annonce qu’on va mettre le paquet pour, quelques mois plus tard, dire que les caisses sont vides.

Pensez-vous que faute de moyens, la secrétaire d’Etat devrait démissionner ?

A sa place, je quitterais le poste. Elle ne va quand même pas faire le mannequin, juste pour montrer la mixité. Fadela Amara doit exiger un budget.

Que pensez-vous des premières annonces ?

Le bureau d’embauche au pied des tours, je ne suis pas sur d’être d’accord. Aucune frontière ne prive les populations des quartiers du droit de circuler. Il ne faut pas conforter cette jeunesse dans son environnement, ramener tout dans les cités me paraît synonyme d’enfermement et être contre-productif. Cette jeunesse fait partie de la société et doit sortir de la cité.

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