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Les Rolling Stones font savoir aujourd'hui qu'ils ont signé un contrat exclusif avec Universal Music pour la diffusion de leur prochain album (sortie prévue : mars 2008), abandonant le label britannique Virgin qui appartient à EMI. L'album consiste en la bande-son du nouveau documentaire musical de Martin Scorsese Shine A Light, basé sur deux concerts au Beacon Theatre de New York fin 2006. Le contrat des Rolling Stones avec EMI (un contrat de 5 ans estimé à 14 millions de livres ) expire en mai prochain.
Cette décision intervient deux jours après l'annonce par EMI d'une suppréssion de 1 500 à 2 000 postes, soit un tiers ou plus de ses 5 500 emplois dans le monde. Cette mesure avait déjà provoqué la fronde de plusieurs artistes, comme Robbie Williams, qui refuse de fournir son prochain album en cours d'enregistrement, décrivant le nouveau patron de la maison de disques Guy Hands comme un "esclavagiste". Le groupe britannique Coldplay pourrait faire de même.
Même pas mal
EMI prétend ne pas être affectée par l'annonce des Rolling Stones. Ils expiquent cette décision par le fait que le film Shine A Light est produit par Universal Pictures : il est donc normal que le disque sorte chez Universal Music : "Cela n'a rien à voir avec les rapports du groupe avec nous. Les Rolling Stones sont un groupe EMI", martèle un porte-parole.
L'an dernier, le chiffre d'affaires de la major a reculé de 15% et ses pertes avant impôts se sont élevées à 263 millions de livres (570 millions de francs). La réduction des coûts s'est imposée comme solution au nouveau patron, Guy Hands. Premiers visés : les artistes-stars. Dans un mémo interne d'EMI obtenu par le Financial Times l'automne dernier, Hands leur reprochait d'être trop paresseux: "Malheureusement, certains artistes se concentrent trop sur la négociation d'une avance maximum [...] qui n'est pas toujours repayée."
Mick Jagger avec Martin Scorsese.
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"Et si c'était EMI qui se concentrait trop sur les comptes et pas assez sur la création?"
Les Stones ne sont plus aujourd'hui le groupe le plus créatif que l'on connaisse, et les ventes du groupe ne permettent pas de maintenir un label à flot, mais la secession gronde du côté des artistes.
Le passage des Stones chez universal permet d'enfin regrouper l'intégralité de leur catalogue dans un seul label. les fans peuvent peut-être espérer une plus facile ouverture des portes des coffre-forts que constituent les archives stoniennes qui jusque là ne circulaient que sous le manteau.
Je parlais d'un modèle économique général et non pas des goûts, couleurs, niveaux créatifs de l'un ou l'autre des groupes mentionnés.
Quant aux "ventes du groupe" qui ne permettraient pas "de maintenir un label à flot", détrompe-toi : les maisons de disques, la preuve par les pharamineux contrats actuels, se battent pour avoir les Stones, considérés comme argument commercial et marketing majeur pour un label. N'oublions pas l'essentiel : les Stones sont le groupe en activité qui a le plus gros succès commercial dans le monde (ce n'est pas moi qui le dit, mais Forbes et Fortune). Les ventes de tel ou tel album sont secondaires dans cette stratégie.